Psaume 102 - "Un réconfort réel"
Date : 10 août 2014
Prédicateur : Jason Procopio
Série : Psaumes d'été 2014
Passage : Psaume 102
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Psaume 102
Prière d’un malheureux, lorsqu’il est abattu et qu’il expose sa plainte à l’Eternel.
2 Eternel, écoute ma prière et que mon cri parvienne jusqu’à toi! 3 Ne me cache pas ton visage lorsque je suis dans la détresse, tends ton oreille vers moi quand je crie, réponds-moi vite, 4 car mes jours s’évanouissent comme une fumée et mes os sont enflammés comme un brasier. 5 Mon cœur est frappé et se dessèche comme l’herbe; j’en oublie même de manger mon pain. 6 A force de gémir, je n’ai plus que la peau sur les os. 7 Je ressemble au pélican du désert, je suis comme le chat-huant des ruines. 8 Je suis privé de sommeil et je ressemble à l’oiseau resté tout seul sur un toit. 9 Chaque jour, mes ennemis m’insultent; ils se moquent de moi, ils emploient mon nom dans leurs serments. 10 Je mange de la cendre au lieu de pain, et je mêle des larmes à ma boisson 11 à cause de ta colère et de ta fureur. Oui, tu t’es emparé de moi et m’as rejeté. 12 Mes jours déclinent comme l’ombre du soir, et je me dessèche comme l’herbe, 13 mais toi, Eternel, tu règnes éternellement, et l’on se souvient de toi de génération en génération. 14 Tu te lèveras, tu auras compassion de Sion, car il est temps de lui faire grâce. Oui, le moment fixé est arrivé, 15 car tes serviteurs en aiment les pierres, ils sont attachés à sa poussière. 16 Alors les nations craindront le nom de l’Eternel, tous les rois de la terre craindront ta gloire. 17 Quand l’Eternel reconstruira Sion, il se montrera dans sa gloire. 18 Il est attentif à la prière de celui qu’on a dépouillé, il ne méprise pas sa prière. 19 Que cela soit écrit pour la génération future, et que le peuple ainsi créé célèbre l’Eternel, 20 car il regarde du haut de sa demeure sainte. Du haut du ciel, l’Eternel observe la terre 21 pour écouter les gémissements des prisonniers, pour délivrer ceux qui sont destinés à la mort. 22 Alors on proclamera dans Sion le nom de l’Eternel, et ses louanges dans Jérusalem, 23 quand tous les peuples et tous les royaumes se rassembleront pour servir l’Eternel. 24 Il a brisé ma force en chemin, il a abrégé mes jours. 25 Je dis: «Mon Dieu, ne m’enlève pas au milieu de ma vie, toi dont l’existence traverse les générations!» 26 *Autrefois tu as fondé la terre, et le ciel est l’œuvre de tes mains. 27 Eux, ils disparaîtront, tandis que toi, tu restes là. Ils vieilliront tous comme un vêtement; tu les remplaceras comme un habit, et ils céderont la place, 28 mais toi, tu es toujours le même et ton existence n’aura pas de fin. 29 Les fils de tes serviteurs pourront s’établir et leur descendance s’affermira devant toi.
Introduction
Il y a une histoire que beaucoup de pasteurs ont déjà raconté, mais elle convient à tellement de situations de la vie chrétienne que je ne peux pas m’empêcher de la raconter à nouveau. Florence Chadwick était une nageuse américaine qui a fait sa plus grande contribution au sport dans les années 50. En 1950, elle est devenue la première femme à traverser la Manche à la nage, entre la France et l’Angleterre, dans les deux directions. En 1952, elle a souhaité nager le trajet entre l’île de Catalina et la côte de la Californie, un trajet de 41 kilomètres. Des bateaux faisait le trajet avec elle, au cas où elle aurait besoin d’être repêchée de l’eau à cause des requins, ou si elle était trop fatiguée. Après 15 heures de nage, un brouillard très épais est tombé. Florence a commencé à douter de sa capacité à aller beaucoup plus loin ; elle dit à sa mère, qui était dans l’un des bateaux, qu’elle pensait ne pas pouvoir arriver. Sa mère lui dit qu’elle y était presque ; mais Florence, épuisée et aveuglée par le brouillard, n’arrivait pas à y croire. Elle demanda qu’on la remonte dans le bateau. Ce n’est qu’une fois montée dans la barque qu’elle a appris que la côte était à une distance d’à peine deux kilomètres. Effectivement, elle y était presque, mais ne voyant pas la fin de son voyage, elle n’a pas pu tenir le coup.
Le Psaume 102 est un psaume de lamentation. C’est le cri d’un croyant qui souffre…puis qui proclame des vérités qui le réconfortent. Mais lorsque nous regardons de près ces vérités, elles nous paraissent un peu étranges ; il faudra donc que nous les examinions bien.
Le psaume dit que l’enfant de Dieu devrait trouver du réconfort dans la réalité de deux grâces que Dieu nous fait. Normalement quand nous pensons à la grâce de Dieu, nous pensons au sacrifice de Jésus-Christ. Mais la Bible nous promet beaucoup plus de grâces encore, qui sont liées à la grâce qu’il nous a donnée dans la personne et dans l’œuvre de Christ. Ce psaume nous en promet deux. Alors après avoir regardé la réaction du psalmiste à la souffrance, nous examinerons ces deux grâces :
- La réaction à la souffrance : “Mais toi…”
- La grâce à venir : Dieu établira sa ville sainte.
- La grâce présente : la connaissance de la gloire de Dieu.
Ce à quoi nous devons réfléchir pendant notre temps ensemble, c’est comment ces deux dernières vérités peuvent être pour nous un réconfort dans la souffrance. Pour qu’elles soient vraiment réconfortantes, il faut que le chrétien ait une conception du monde et du plan de Dieu qui aille bien plus loin que sa souffrance actuelle. Il doit, essentiellement, faire comme Paul dit dans Philippiens 2.3 : Avec humilité considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes.
1) La réaction à la souffrance : “Mais toi…”
Le début de ce psaume décrit très bien la mentalité de quelqu’un qui passe par une souffrance très difficile.
Il décrit des souffrances émotionnelles. Il a le cœur frappé, et il en est déprimé—v. 5 : Mon cœur est frappé et se dessèche comme l’herbe; j’en oublie même de manger mon pain. V. 9 : Il subit des insultes de la part de ses ennemis—v. 10 : Je mange de la cendre au lieu de pain, et je mêle des larmes à ma boisson.
Il décrit aussi des souffrances physiques. Il perd du poids—v. 6-7 : A force de gémir, je n’ai plus que la peau sur les os. Je ressemble au pélican du désert, je suis comme le chat-huant des ruines. Il n’arrive plus à dormir—v. 8 : Je suis privé de sommeil et je ressemble à l’oiseau resté tout seul sur un toit.
Comme chaque personne qui souffre, il se rend bien compte de sa propre mortalité et du fait qu’il n’y peut rien contre elle.
V. 4 : mes jours s’évanouissent comme une fumée et mes os sont enflammés comme un brasier.
V. 12 : Mes jours déclinent comme l’ombre du soir, et je me dessèche comme l’herbe.
Et la seule explication qu’il donne, c’est que Dieu doit être en colère contre lui pour un péché qu’il a commis. V. 11 : [Je subis tout cela] à cause de ta colère et de ta fureur. Oui, tu t’es emparé de moi et m’as rejeté. Il est intéressant de noter que le psaume ne donne aucun péché particulier qui aurait pu enflammer la colère de Dieu. Le psalmiste parle peut-être moins la réalité de sa situation que du sentiment qu’il a—et qu’il partage avec presque toute personne qui croit en Dieu et qui souffre sans savoir pourquoi. Le psalmiste ne fait pas de reproches à Dieu—il ne dit jamais que Dieu est injuste en permettant cette douleur—mais il reconnaît simplement la souveraineté de Dieu sur sa souffrance.
C’est une souffrance extrême qui est décrite : elle provoque une dépression mentale, qui empêche de dormir, qui fait perdre du poids, qui incite des insultes, qui fait réaliser la limite de ses propres jours. La franchise de ce psaume est stupéfiante—on imagine parfois que la Bible nous donne une version trop idéaliste du monde ; on imagine que la vision du monde des chrétiens est profondément décalée par rapport à la réalité du monde dans lequel nous vivons. Mais ce psaume doit nous faire remarquer que la Bible n’ignore pas du tout la réalité de la souffrance—elle nous dit que la douleur par laquelle nous pouvons passer est réelle et vive et n’est pas à négliger.
La plupart des gens réagissent à la souffrance de la même façon que le psalmiste, et leur réaction à la souffrance s’arrête là. Ils souffrent, ils prennent des médicaments, et ils attendent que ça passe, qu’ils puissent ne plus ressentir cette douleur et reprendre leur vie. Mais le psalmiste ne s’arrête pas là. Alors qu’on l’imagine à genoux, la tête contre la terre pendant qu’il proclame sa lamentation, dans le verset 13, il lève les yeux.
V. 12-13 : Mes jours déclinent comme l’ombre du soir, et je me dessèche comme l’herbe, 13 mais toi, Eternel, tu règnes éternellement, et l’on se souvient de toi de génération en génération.
Si tu souffres, il faut être honnête avec Dieu par rapport à ta souffrance…mais il ne faut surtout pas jeter l’ancre à cet endroit—pas encore. Les psaumes en général et ce psaume en particulier nous apprennent à être honnêtes avec Dieu par rapport à nos sentiments et notre douleur…puis à lever les yeux et à dire : “MAIS”. La Bible ne nous dit pas que nous ne souffrirons pas ; mais elle dit bien qu’il y a toujours un “Mais”. La pire des erreurs que nous pouvons commettre dans la souffrance, c’est oublier de dire : “Mais…”
…mais toi, Eternel, tu règnes éternellement, et l’on se souvient de toi de génération en génération.
Dans quasiment chaque psaume de lamentation ou de supplication, ça se passe de la même manière. Le psalmiste est honnête avec Dieu par rapport à ses soucis…puis il dit : “Mais.” Et il donne ensuite une raison pour laquelle il peut être encouragé, une grâce que Dieu lui fait qui le rend capable de combattre sa réaction négative à la souffrance. La Bible ne nous dit jamais que les réactions négatives ne sont pas appropriées, mais elle nous dit de ne pas jeter l’ancre à cet endroit.
Dans le Psaume 102, le psalmiste nous donne deux “Mais”, deux vérités qui le rassurent et qui le consolent dans sa situation difficile.
2) La grâce à venir : Dieu établira sa ville sainte.
Le mot “Sion” apparaît plus de 150 fois dans la Bible, et essentiellement il signifie “la fortification”—un lieu fort, une demeure stable et sure. “Sion” est la ville de Dieu, la ville où Dieu habite. Dans l’Ancien Testament, Sion était synonyme de Jérusalem, car c’était là que le temple de Dieu s’y trouvait. La ville de Dieu, c’était Jérusalem (Esaïe 40.9). Dans le Nouveau Testament, “Sion” a pris un sens plus profond encore—il s’agit de la demeure éternelle de Dieu, la ville que Dieu établirait pour être son habitation et celle de ses enfants (1 Pierre 2.6, Hébreux 12.22, Apocalypse 14.1). “Sion” est donc un autre nom pour ce que nous appelons le paradis, la ville sainte, la Nouvelle Jérusalem où Dieu établira pour toujours son royaume sur la terre.
Le premier réconfort du psalmiste se trouve dans la promesse que Dieu établira sa ville sainte, et que tous les enfants de Dieu pourront s’y établir et s’y affermir et y demeurer pour toujours.
V. 14-15 : Tu te lèveras, tu auras compassion de Sion, car il est temps de lui faire grâce. Oui, le moment fixé est arrivé, car tes serviteurs en aiment les pierres, ils sont attachés à sa poussière… V. 29 : Les fils de tes serviteurs pourront s’établir et leur descendance s’affermira devant toi.
Il y avait pour le psalmiste un lien réel entre la ville que Dieu allait construire pour son peuple et son propre bien-être du moment. Et cette attitude va à l’encontre de tout ce que nous connaissons aujourd’hui. Dans notre monde, tout doit être immédiat : on peut se rappeler autant de promesses qu’on veut, mais ça ne change rien—“C’est très bien, mais moi, je souffre encore !”
Effectivement, s’attacher à Dieu demande un ajustement radical de notre vision du monde et de nos priorités. L’enfant de Dieu a ses priorités non pas dans ce qui lui arrive maintenant, mais dans ce qui arrivera un jour. La semaine dernière nous avons vu que la vision de Jésus était tellement fixée sur l’avenir qu’il a pu subir la pire souffrance imaginable. Hébreux 12.2 : En échange de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix. Ce qui est formidable, c’est que ce n’est pas une espérance sans poids qui lui a permis de tenir le coup, mais la promesse d’une joie encore plus grande. La souffrance de la croix était énorme ; la joie à venir était beaucoup plus grande encore—alors il a pu tenir.
De même, si nous avons nos yeux fixés sur la grâce à venir, nous pourrons tenir aussi. Si Florence Chadwick avait pu voir la côte qui s’approchait, elle aurait très bien pu finir son trajet. De même, si nous gardons nos yeux sur la grâce qui va venir un jour, nous pourrons terminer le nôtre—peu importe la souffrance par laquelle nous passons. Cela ne diminue pas la douleur, mais ça nous permet de vivre notre douleur de la bonne manière, pour la gloire de Dieu—en faisant confiance à sa sagesse et à sa souveraineté.
La promesse que le psalmiste nous donne, c’est que Dieu établira sa ville sainte, où il habitera pour toujours, et où ses enfants—c’est-à-dire, nous—pourrons s’affermir et vivre dans la joie pour toute l’éternité. C’est une promesse qui nous donne un réconfort réel dans notre souffrance—si du moins nous avons nos yeux fixés sur l’avenir glorieux qui nous attend, et pas sur notre situation actuelle.
3) La grâce présente : la connaissance de la gloire de Dieu.
Si le psalmiste nous donne cette grâce vers laquelle nous pouvons nous tourner dans la souffrance, il nous en donne une autre encore : la réalité de la gloire de Dieu, que les nations du monde verront et loueront. (Ce mot “gloire” signifie le fait de voir et de nous réjouir en la beauté et la grandeur et la majesté de Dieu. Quand nous voyons et nous réjouissons dans les excellences de Dieu, il est glorifié.)
Nous comprenons pourquoi la promesse de la joie à venir pourrait réconforter le psalmiste. Mais lorsque le psalmiste fait référence à l’autre grande vérité qui le soulage dans sa douleur, celle-ci ne semble pas être liée à lui-même du tout. Plutôt que dire tout ce que Dieu va faire pour lui, il parle de Dieu lui-même.
12 Mes jours déclinent comme l’ombre du soir, et je me dessèche comme l’herbe, 13 mais toi, Eternel, tu règnes éternellement, et l’on se souvient de toi de génération en génération...
16 Alors les nations craindront le nom de l’Eternel, tous les rois de la terre craindront ta gloire. 17 Quand l’Eternel reconstruira Sion, il se montrera dans sa gloire...
22 Alors on proclamera dans Sion le nom de l’Eternel, et ses louanges dans Jérusalem, 23 quand tous les peuples et tous les royaumes se rassembleront pour servir l’Eternel.
Plutôt que dire tout ce que Dieu va faire pour lui, il parle de Dieu lui-même, comme si Dieu lui-même était le bienfait qui donnait du soulagement à la souffrance du psalmiste. Mais comment est-ce possible ? Pourquoi la connaissance de la puissance et l’éternité et la gloire de Dieu seraient pour le psalmiste un réconfort, ce vers quoi il lève les yeux lorsqu’il est dans la souffrance ?
Pour répondre à cette question, il faut que nous fassions une pause pour réfléchir. Si le psalmiste trouve du réconfort dans la connaissance de la gloire de Dieu, il doit y avoir une raison.
En fait, cette raison se trouve sur chaque page de la Bible, du début à la fin. Les Ecritures proclament sans aucune réserve que la raison pour laquelle Dieu fait ce qu’il fait, c’est pour que sa création puisse le connaître, l’aimer et voir sa gloire. Premièrement, tout ce que Dieu faisait dans l’Ancien Testament tendait vers ce but. Toute sa loi et son intervention en faveur du peuple d’Israël servaient à ce que le peuple voie Dieu.
Esaïe 40.9 : Monte sur une haute montagne, Sion, pour annoncer la bonne nouvelle! Elève avec force ta voix, Jérusalem, pour proclamer la bonne nouvelle! Elève ta voix, n’aie pas peur! Dis aux villes de Juda: «Voici votre Dieu!»
C’est le but de ce qu’il faisait dans le Nouveau Testament aussi. Dieu a envoyé Jésus-Christ pour prendre notre place—pour vivre une vie parfaite à notre place, pour payer le prix de nos péchés à notre place—afin que nous soyons réconciliés avec Dieu. Il l’a fait parce qu’il nous a aimés—mais même cet amour n’est pas une fin en soi. Alors que Dieu serait juste en nous punissant, l’amour qu’il nous montre fait preuve de sa grande miséricorde et de sa compassion—lorsque nous acceptons l’amour que Dieu nous a montré dans le sacrifice de Jésus-Christ, nous lui rendons gloire. L’amour de Dieu et le sacrifice de Jésus-Christ pour nous glorifient Dieu. Alors la raison principale pour laquelle Christ est mort n’était pas premièrement pour nous sauver et nous pardonner, mais qu’à travers cet acte de salut et de pardon divins, nous voyions et connaissions et rendions gloire à Dieu.
1 Pierre 3.18 : Christ aussi a souffert, et ce une fois pour toutes, pour les péchés. Lui le juste, il a souffert pour des injustes afin de vous conduire à Dieu.
2 Corinthiens 4.6 : En effet, le Dieu qui a ordonné que la lumière brille du sein des ténèbres a aussi fait briller sa lumière dans notre cœur pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu dans la personne de [Jésus-]Christ.
C’est la raison principale pour laquelle Dieu fait tout ce qu’il fait depuis le début de la création—et c’est son plan pour nous aussi. Dieu fait tout pour que les hommes et les femmes qu’il a créés voient, aiment, se réjouissent et prennent plaisir en cette gloire. Lorsque nous connaissons la gloire de Dieu, nous accomplissons notre raison d’être—comme dit Esaïe 4.6-7 :
Ramène mes fils des pays lointains et mes filles de l’extrémité de la terre, tous ceux qui portent mon nom, que j'ai créés pour ma gloire.
Maintenant nous sommes prêts à revenir à notre question. Pourquoi la connaissance de la puissance et l’éternité et la gloire de Dieu seraient pour le psalmiste un soulagement, ce vers quoi il lève les yeux lorsqu’il est dans la souffrance ?
Parce qu’il a trouvé son plus grand bien non pas dans des choses qu’il peut perdre—sa santé ou sa famille ou son travail ou ses loisirs ou ses relations—mais dans Dieu lui-même. On pourrait lui arracher tout ce qu’il possède, mais Dieu, lui, ne change jamais—son existence est constante, sa puissance est inépuisable, sa gloire est toujours visible.
12 Mes jours déclinent comme l’ombre du soir, et je me dessèche comme l’herbe, 13 mais toi, Eternel, tu règnes éternellement, et l’on se souvient de toi de génération en génération.
Versets 27-28 : [La terre et le ciel] disparaîtront, tandis que toi, tu restes là. Ils vieilliront tous comme un vêtement; tu les remplaceras comme un habit, et ils céderont la place, mais toi, tu es toujours le même et ton existence n’aura pas de fin.
Et puisqu’il sait que Dieu est le seul être qui ne change pas, il sait que Dieu est la seule source fiable de réconfort. Alors même si c’est dur, même si sa souffrance a atteint un niveau qui semble être insupportable, il lève les yeux vers Dieu car lui, il est souverain ; lui, il est éternel ; lui, il est digne de confiance.
Application
Je suis bien conscient que ce genre d’attitude semble impossible—en fait, je crois qu’elle est impossible sans la grâce de Dieu et l’aide du Saint-Esprit. Mais pour être honnête, c’est en partie pour cela que j’y crois. Si le christianisme n’était qu’une religion inventée, il nous aurait donné des tâches atteignables à accomplir : “Fais ce pèlerinage…”, “Ne mange pas ceci ou cela…”, “Ne fais pas ceci ou cela…” Le christianisme ne demande pas un simple changement de comportement, mais un changement “d’ADN”, un changement de cœur plein et entier. Heureusement que la Bible nous donne de multiples promesses que Dieu fait exactement cela : Dieu ne s’intéresse pas au moralisme ; il s’intéresse à la transformation.
D’un côté, la Bible nous appelle à la noblesse. Nous admirons ceux qui considèrent les autres comme plus importants qu’eux-mêmes, qui regarde au-delà de leur propre temps et de leurs propres difficultés. C’est pour cela que nous aimons des histoires comme Le Seigneur des anneaux, ou pourquoi certains d’entre nous aiment les films de guerre où les hommes se sacrifient pour protéger leur pays.
Nous admirons cette attitude, nous y aspirons même…mais la plupart d’entre nous ne vivent que rarement de façon noble. La plupart d’entre nous est plus concerné par notre propre confort ou douleur, notre propre bien-être ou mal-être, que par les autres. Nous nous plaignons lorsque nous passons par des moments difficiles, et nous nous plaisons dans nos moments faciles, alors que la douleur des moins avantageux ne nous affecte pas beaucoup.
D’un autre côté, nous cherchons des solutions faciles à nos problèmes—ou nous cherchons des moyens pour faire comme si nos problèmes n’existaient pas. Les vraies solutions—celles qui vont à la racine du problème et le déracinent—sont rarement rapides ou faciles. La Bible propose des solutions réelles à notre douleur—pas des solutions de fortune ou des moyens pour vivre dans le déni. Ce sont des solutions parfois lentes, souvent difficiles—mais ce sont des solutions réelles et définitives. Ancrer notre soulagement dans le grand plan de Dieu pour l’humanité et dans la gloire de Dieu est la seule manière de trouver un réconfort réel et durable ici et maintenant.
C’est exactement ce que fait le psalmiste. Même si lui doit souffrir maintenant, il sait que Dieu accomplira ses buts pour son peuple, et il trouve son bonheur dans cette connaissance. Après avoir dit honnêtement à Dieu sa souffrance immédiate, il lève les yeux vers le plan de Dieu pour l’humanité—l’établissement de sa ville sainte, où tous ses enfants pourront s’affermir—et vers le plus grand bien qui existe—la gloire de Dieu lui-même. Sa souffrance n’est pas forcément terminée, mais au moins il voit le but du tunnel…et ainsi, il pourra tenir.
Un mois après son échec dans la Manche, Florence Chadwick a tenté de nouveau le trajet. Le brouillard est retombé comme avant, et elle s’est fatiguée comme avant… Mais cette deuxième fois, elle est arrivée jusqu’au bout, parce qu’elle savait que même si elle ne voyait pas clairement la côte, elle était là, et elle n’était pas aussi loin qu’il semblait.
De même, si nous gardons les yeux fermement fixés sur le plan de Dieu pour son peuple et sur Dieu lui-même, nous pourrons tenir bon jusqu’à la fin—car même si on nous enlève tout ce que nous avons, on ne pourra pas nous enlever notre Dieu et sa volonté. Nous pouvons y trouver du réconfort aujourd’hui, alors que nous disions avec le psalmiste :
…toi, tu es toujours le même et ton existence n’aura pas de fin. Les fils de tes serviteurs pourront s’établir et leur descendance s’affermira devant toi (v. 28-29).
Aller plus loin…
John Piper, Combattre l'incrédulité, Éditions Clé, 2010: http://www.maisonbible.net/cle1943/combattre-l-incredulite-contrer-le-plaisir-du-peche-par-un-plaisir-superieur
Jonathan Edwards, The End for Which God Created the World (en anglais) : http://www.ccel.org/ccel/edwards/works1.iv.html